Origine et histoire du Collège des Jésuites
L'ancien collège des Jésuites de Toulouse s'installe en 1566 dans l'hôtel de Bernuy, à l'angle des rues Léon-Gambetta et Joseph-Lakanal. Acquis par trois anciens capitouls — Pierre Delpech, Pierre de Madron et Jean de Gamoy — l'hôtel, bâti pour Jean de Bernuy entre 1503 et 1536, est cédé à la municipalité afin d'y accueillir un collège confié aux Jésuites. Ceux-ci, chassés de Pamiers en 1563 et provisoirement logés dans l'ancien couvent des Augustines, s'installent le 6 septembre 1566 et ouvrent le collège le 20 juin 1567. Les Jésuites entreprennent des agrandissements et font élever leur chapelle dans la basse-cour, achevée en 1575 et consacrée par l'évêque d'Albi Philippe de Rodolphe. En 1605 les capitouls font dresser le grand portail, décoré de leurs blasons, du blason royal et du monogramme de Jésus, qui ouvre sur la rue des Jacobins, alors appelée rue des Jésuites (actuelle rue Joseph-Lakanal). Une longue galerie destinée à la bibliothèque est ajoutée en 1648, puis, en 1683, une nouvelle classe de théologie et le portail de la chapelle sont réalisés. Le collège se développe fortement et peut accueillir jusqu'à 1 200 élèves ; il dispose d'un internat et assure la gratuité des études, principalement littéraires. L'expulsion des Jésuites le 6 août 1762 transforme l'établissement en collège royal, et les collèges jésuites en France sont fermés le 26 mars 1763. Le 17 novembre 1764, le collège de Toulouse est agrégé à l'université. Sous l'archevêque Loménie de Brienne, l'établissement se modernise et s'ouvre aux sciences ; la bibliothèque municipale est créée dans les murs du collège royal à partir du fonds des Jésuites, et la cour de l'Hémicycle est élevée dans le style néoclassique. Les bâtiments actuels, organisés autour de plusieurs cours, portent surtout la marque de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle ; le grand portail de 1605 témoigne du goût baroquisant des mécènes de l'époque.